The Invisible Man Appears (Nobuo Adachi, 1949)

The Invisible Man Appears (Tōmei Ningen Arawaru, Nobuo Adachi, 1949)

Une production Daiei dérivée du récit de H.G. Wells (et surtout du succès d'un des Universal Monsters les plus appréciés) ? Un film invisible en dehors du Japon depuis sa sortie, et édité par l'excellent label Arrow Video ? Il n'en fallait pas plus pour attiser une curiosité bien naturelle vers un objet si étrange.

Alors que les deux périodes majeures des Universal Monsters de la Universal sont déjà loin (de 1931 à 1936, puis de 1939 à 1944), la Daiei, l'un des grands studios japonais, met en production une autre adaptation de L'Homme Invisible. La bande-annonce de ce Invisible Man Appears (Tōmei Ningen Arawaru) vante le bond en avant des effets spéciaux pour une production japonaise, "après trois ans de recherches et de travail par les meilleurs techniciens de la Daiei" ; et, même si le rendu final n'atteint pas les sommets de celui d'un John P. Fulton à la Universal, le film remplit honorablement sa tâche. Cette impression est confirmée quand on sait qui est derrière la prouesse technique : nul autre qu'Eiji Tsuburaya, héritier spirituel d'un Willis O'Brien et égal d'un Harryhausen, qui inventera quelques années plus tard le monstre Godzilla. Le film peut par-là même se targuer d'être le premier tokusatsu, ou film à effets spéciaux japonais, popularisé ensuite justement par Godzilla. Quelques années plus tard, la Daiei surenchérira avec un autre monstre géant, la tortue Gamera, mais ceci est une autre histoire...

Les passages obligés d'un film sur l'homme invisible ne manquent pas à l'appel : le personnage qui enlève les bandages recouvrant son visage, enlève ses vêtements puis sa chemises, donnant l'impression de vêtements pris d'une folle envie de danser... enfin la dimension tragique du destin qui frappe tout homme invisible lorsque l''histoire se termine. Le film introduit aussi deux règles : l'invisibilité est irréversible et le sujet sombre irrémédiablement dans la folie (mais que diable, qu'attendons-nous pour tester cette formule !). Le master que donne à voir l'édition Arrow Video, en japonais sous-titrée anglais uniquement, est clairement perfectible, issu d'une copie 16 mm ; c'est cependant la seule existante. les contrastes sont mous, le cadre tremblotte un peu, mais malgré tout, cette curiosité fait plaisir à voir, notamment par la façon de narrer une variation sur cette histoire désormais très connue. Ici, l'invisibilité est utilisée par des bandits pour voler un collier de diamants nommé "Larmes d'Amour" à la valeur inestimable. Le véritable inventeur du procédé est contraint de donner la formule. ils sont en fait plusieurs : deux jeunes scientifiques -Segi (Daijirō Natsukawa) and Kurokawa (Kanji Koshiba) et leur mentor, le professeur Yakazato (Ryūnosuke Tsukigata). Ce dernier disparaît mystérieusement, alors que les deux comparses se livrent bataille pour découvrir une formule d’invisibilité viable. Formule qui permettra au vainqueur de cette compétition de demander la main de la fille du mentor. On retrouve encore une fois le ressort dramatique du triangle amoureux, décidément très en vogue dans les films de monstres.

 Le film montre sa singularité en laissant volontairement des éléments de côté (la disparition du seinsei), pour pouvoir y revenir au moment opportun ; la facilité avec laquelle les sous-intrigues des films orientaux sont nombreuses, tant qu'on s'y perd parfois. C'est qu'elles ne reposent pas sur les principes de narration américains, auxquels on est ici plus habitués ; notamment, rappeler constamment les noms des personnages, identifier régulièrement les lieux de l'intrigue en apposant des plans "de rappels"... Toujours est-il que The Invisible Man Appears recèle de certains atouts, notamment quand il ne fait pas l'économie d'un final funeste. Ce ne sera d'ailleurs plus le cas dans la suivant production Daiei sur un homme invisible, The Invisible Man Vs. The Human Fly (Tōmei Ningen to Hae Otoko, 1957)  ; celui-ci se finit plutôt bien pour l'homme invisible, le vrai méchant étant un serial-killer qui utilisant un pouvoir lui permettant de devenir aussi petit qu'une mouche. L'homme invisible étant ici, du bon côté de la loi. Raison de plus, s'il en fallait, de préférer ce premier opus.

Disponibilité vidéo : Blu-ray zone B - éditeur : Arrow Video (version originale sous-titrée anglais uniquement).

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