Dark Star (John Carpenter, 1974)

Dark Star (John Carpenter, 1974) film poster

John Carpenter signe son premier film alors qu'il est en dernière année à l'USC, une école de cinéma réputée en Californie qui a vu passer dans ses rangs certains des plus grands réalisateurs américain. Dark Star est alors un film d'une quarantaine de minutes, qui narre principalement l'opposition entre un ouvrier de l'espace (son équipage est chargé de détruire les planètes instables) et la bombe qui leur permet d'effectuer leur travail. On perçoit ici sans mal une parodie de 2001, l'odyssée de l'espace, le parallèle avec les rapports entre Bowman et HAL 9000, l'ordinateur fou du vaisseau Discovery One.

L'ambiance est déjà loufoque, le spectateur ne pouvant qu'être amusé par ces élucubrations. Avec une rallonge confortable consentie par le producteur Jack H. Harris, Carpenter enfonce le clou, avec l'aide de l'homme à tout faire du projet, Dan O'Bannon. Ce dernier occupe en effet les postes de scénariste, responsable des effets visuels, monteur et acteur ! C'est aussi Dan O'Bannon qui écrira, quelques années plus tard, le scénario d'Alien, réalisé en 1979 par Ridley Scott ; mais aussi ceux de Lifeforce, l'étoile du mal (Tobe Hooper, 1985) et deux adaptations majeures de Philip K. Dick : Total Recall (Paul Verhoeven, 1990) et Planète hurlante (Christian Duguay, 1995). 

L'esprit "routier de l'espace", bien présent dans Dark Star (mais aussi auparavant dans Silent Running, le film SF-écolo de Douglas Trumbull), sera aussi une des grandes caractéristiques d'Alien. le dynamique duo Carpenter - O'Bannon fait ainsi du petit groupe d'astronautes de véritables hippies, qui détonnent dans la solennité du vide intersidéral. Au cours de discussions existentielles interminables, l'on apprend la fascination d'untel pour le surf, ou de la peur de la solitude chez tel autre. Au sein de cet équipage entièrement masculin, les coéquipiers se parlent comme à des robots, et celui qui semble faire le plus preuve de traits humains, doutant, questionnant la réalité des choses, est bien la fameuse bombe parlante qui noue et dénoue le récit.

Le côté volontairement délirant de l'histoire, montrant par exemple les astronautes recourir au conseil d'un des leurs, pétrifié dans un compartiment cryogénisé, monte d'un cran lors de la course-poursuite entre Pinback (O'Bannon) et un extra-terrestre auparavant confiné dans un compartiment du vaisseau. Ce monstre est en fait un gros ballon de plage affublé des pattes palmées (lointain cousin de la Sentinelle du Prisonnier ?), qui semble prendre un malin plaisir à semer le pauvre homme de l'espace. Comme toute farce, le film se clôturera par une pirouette qui si elle est inspirée encore une fois par 2001, l'odyssée de l'espace, fait montre d'une certaine poésie. Carpenter ne tentera plus par la suite ce type d'exercice, qui a pris un bon coup dans l'aile. Mais comme coup d'essai, et vu la somme dérisoire allouée au film, le résultat est tout de même à saluer.

Disponibilité vidéo : Blu-ray / DVD - éditeur : Carlotta

Dark Star (John Carpenter, 1974) title image


Commentaires