Quand l'inspecteur s'emmêle (Blake Edwards, 1964)
Deuxième opus des aventures de l’inénarrable inspecteur Clouseau (Peter Sellers), ce film s’installe dans les souliers de La Panthère rose (Blake Edwards, 1963) pour jouer sur le naturel gaffeur du personnage principal. Le but du jeu, dès lors, est de deviner ce que Clouseau peut faire de maladroit dans l’instant qui suit ; hop une mare, il y tombe dedans. Tiens un fauteuil, il en bascule et tombe dans une pirouette ; voilà des queues de billards, il en casse une, et ainsi de suite.
Résumer la force burlesque du métrage à un enchaînement non-stop de situations drôlatiques est malgré tout assez vrai, mais ne saurait constituer pour autant une critique négative. Sellers déambule dans les différents décors en prenant bien soin de n’éviter aucun obstacle, pérennisant une véritable école gestuelle dans les suites de la Panthère rose, mais également dans un autre grand film burlesque d’Edwards, The Party (1968). Ses gesticulations, son accent de simili-indien et son air détaché siéent bien à cette sorte de happening new-age. Dans Quand l’inspecteur s’emmêle (A Shot in the Dark), Il y a du génie dans l’acrobatie, dans la maladresse ou la cascade involontaire. On y retrouve un sens de la comédie hérité des grands du muet, Buster Keaton en tête (pour le visage impassible et les scènes-exploits) et Chaplin bien sûr, pour le sens inné du tempo de la gamelle
Le sympathique plan-séquence d’ouverture, obscurci par la nuit (la séquence du "tir dans l’obscurité" du titre), donne le "la" pour la suite du film, à base de quiproquos, situations grotesques et dénouement volontairement fumeux. Elke Sommer, rescapée de l’étrange et fascinant Lisa et le diable (Mario Bava, 1973), tourne la tête de notre inspecteur, décidément bien entouré dans cette saga (on y croise au fil des épisodes Claudia Cardinale et Capucine entre autres).
Le sympathique plan-séquence d’ouverture, obscurci par la nuit (la séquence du "tir dans l’obscurité" du titre), donne le "la" pour la suite du film, à base de quiproquos, situations grotesques et dénouement volontairement fumeux. Elke Sommer, rescapée de l’étrange et fascinant Lisa et le diable (Mario Bava, 1973), tourne la tête de notre inspecteur, décidément bien entouré dans cette saga (on y croise au fil des épisodes Claudia Cardinale et Capucine entre autres).
Peter Sellers et Graham Stark |
La plupart des gimmicks de la série font leur apparition dans ce deuxième opus, décidément mètre-étalon de la saga. Paradoxalement, ce film n’était au début pas une suite à la première Panthère, mais l’adaptation d’une pièce d’Harry Kurnitz ; reprenant uniquement le titre de l’œuvre, Blake Edwards l’a remanié pour surfer sur le succès du premier film. Les attaques incessantes du majordome Kato et leur irrésistible élan destructeur, l’art consommé du déguisement de notre inspecteur, ne ratant jamais une occasion de se travestir : tantôt chasseur, peintre, marchand de ballons, et, déguisement ultime, nudiste, affublé d’un canot pneumatique (côté pile) et d’une guitare (coté poils). Ces déguisements sont l’occasion d’une mise en scène cartoonesque, surtout dans cet opus où à chaque accoutrement correspond une nouvelle arrestation par les forces de l’ordre.
L’effet de répétition, ajouté au comique de chaque situation, forment une belle alchimie. Les tics maladifs du commissaire Dreyfus (Herbert Lom), provoqués par les agissements étranges de Clouseau, transforment le pauvre Dreyfus en monomaniaque au comportement borderline, tel un Mister Hyde de la plus belle eau. Clouseau est élevé au rang de syndrome, dont les signes avants-coureurs sont les mêmes : tics nerveux, agitation paroxystique et ... fous-rires incontrôlables (pour le spectateur cette fois !).
Cependant, l’amusement que le film distille aujourd’hui est quelque chose qui n’existe plus vraiment dans le cinéma contemporain : la comédie d’aujourd’hui essaie l’efficace, le bon mot systématique et le rendement au nombre de rires par minute. Ce qui fait du personnage incarné par Peter Sellers un très grand, c’est dans le spectacle qu’il donne dont on pourrait penser qu’il est improvisé. Ce n’est pas une comédie de rendement. Ses mouvements semblent être le fruit du hasard, d’une chorégraphie libre, non-programmée. Le rythme flottant des gags ne provoque pas toujours le fou-rire mais le plaisir diffus d’une attraction de cirque, d’un humour toujours sur le fil : Sellers est le clown et Blake Edwards son Monsieur Loyal. Par contre, quand le rire surgit, quand il arrive à franchir la barrière d'un esprit déjà bien égayé, il devient fou, et l’enchaînement régulier des situations toujours plus alambiquées ne vous déride pas de sitôt. Que demander de plus ?
Disponibilité vidéo : DVD zone 2 - éditeur : MGM Home Entertainment
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