L'Aventure du Poséidon (Ronald Neame, 1972)
Rejeton classique du genre film catastrophe, ayant eu ses beaux jours principalement dans les années 70, bien qu'un nombre incalculable de films aient utilisé avant -et depuis- un événement de type catastrophe dans le cours de leur récit. L’Aventure du Poséidon voit la mer se déchaîner -via un tremblement de terre sous-marin-, ce qui aura pour effet de retourner complètement le navire du titre. Avant cela, le spectateur aura tout loisir d'assister à moult psychodrames...
Si l'on nomme Airport (George Seaton, 1970) comme un nouveau départ dans le genre, c’est qu'il cristallise plusieurs éléments constitutifs de ce genre : focalisation sur la catastrophe et ses conséquences, focalisation sur un petit groupe d'individus rescapés représentant chacun une partie de la société de l’époque, et y ajoute deux aspects caractéristiques de ce renouveau : gros budget et casting de stars. On retrouve ici Gene Hackman, tout juste oscarisé pour French Connection (William Friedkin, 1971), Roddy McDowall, Ernest Borgnine, ou encore Shelley Winters. Si le début du film fait un peu sourire par sa propension à nous offrir une Croisière s’amuse avant l’heure -c’est le 31 décembre, tout le monde fait la fête et on nous dévoile la vie privée de certains personnages-, cette bonne ambiance est rapidement prise à contre-pied par le renversement sus-cité, assez impressionnant. On touche là au passage obligé du genre, le chemin vers l'accident, qui se doit de mettre en place le suspense crescendo, et mettant en place un rapport d'échelle transformant les êtres humains en fourmis.
On retrouvera cet effet d'échelle dans chaque film de ce genre, qui symbolise toute l'étendue de la catastrophe. Dans les airs, sur mer, à cause d’un volcan, d'éboulements, d'un raz-de-marée, tout va changer en un instant. Pour le groupe de survivants, le réflexe de survie est autant présent que le choc de la perte des êtres qui leur sont chers. Dans ce contexte extraordinaire, les rapports de force vont rapidement se mettre en place, entre un leader et un groupe à sa charge. Dans L’Aventure du Poséidon, la figure d'autorité (Gene Hackman dans la peau d'un pasteur progressiste) est vite contestée par un autre personnage -Ernest Bognine, un policier-, opposant ainsi deux formes de leadership. Au final, les deux sont assez semblables, comme le discerne bien le pasteur. Les cartes sont ainsi disposées : il adviendra des malheurs au groupe de survivants, certains étant perdus en cours de route. On touche à l’une des autres constantes du genre, la brutalité et l’injustice des mises à mort. On posera ici un bémol devant le manque de souffle de ces séquences, qui enlèvent des personnages centraux sans assez de force ; ceci étant posé, les personnages restants portent tous le spectre de quelqu’un, chacun une blessure -psychologique et physique-, augurant des années 1970 comme la décennie de la désillusion.
Dans l’ensemble, le film vieillit assez bien, même s'il n’exploite pas toutes les ressources de l’écran panoramique. Celui-ci rend tout de même la scène du renversement et de la lame de fond plus impressionnante. Le périple de notre petit monde dans les dédales de couloirs remplis de débris et de morts, poussés par l’eau qui envahit peu à peu les compartiments en dessous d’eux, est bien ficelé même si certains passages font penser à des épreuves de jeux télévisés (Shelley Winters, grossie d’une vingtaine de kilos, parcourt à la nage un conduit souterrain). Finalement, c’est de cela qu’il est question : un parcours du combattant au cours duquel les ressources de chacun sont mises à contribution, et dans lequel on voit également apparaître les faiblesses, les failles des personnages. Si le genre a rapidement donné des signes d’essoufflement, les années 2000 lui assignent encore d'énormes budgets, à l’image de Titanic (James Cameron, 1998), du Jour d’après (Roland Emmerich, 2004), ou de En pleine tempête (Wolfgang Petersen, 2000) et The Impossible (Juan Antonio Bayona, 2012). Le gigantisme nécessaire à l’élaboration de ces projets sied bien à l’inflation des budgets actuels, et au concept tant aimé de surenchère...
Disponibilité vidéo : Blu-ray / DVD FR - éditeur : BQHL
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