Carrie au bal du diable (Brian De Palma, 1976)

Affiche du film Carrie au bal du diable (Carrie, Brian De Palma, 1976)

 

Après les chocs cinématographiques que furent Phantom of the Paradise (1974) et Obsession (1976), De Palma continue sur sa lancée pour livrer une adaptation du premier roman de Stephen King, qui reste encore aujourd'hui comme l'une des plus réussies.

Relevant tout à la fois du fantastique (une jeune fille mal dans sa peau et traumatisée par sa bigote de mère se découvre un pouvoir...) et de l'épouvante (... aux conséquences terribles), Carrie est en même temps un pur college movie, ou comment une jeune fille passe douloureusement à l'âge adulte, sur fond d'humiliations sportives et de bal de promo cruel. C'est dans cette confrontation que Carrie est le plus marquant, aujourd'hui encore.

La musique mélancolique de Pino Donaggio, qui accompagne la plupart du métrage, fait faussement penser à une bluette adolescente, alors que des pics de violons aux accents indubitablement Herrmanniens marquent brutalement les moments de tension (Bernard Hermann fut un temps envisagé pour composer le film, mais ce dernier décède le 24 décembre 1975 ; sa dernière composition reste Taxi Driver pour Martin Scorsese). Et l'on tombe dans le panneau à chaque fois. Même si la vengeance ourdie par les lycéennes est dévoilée bien avant sa réalisation, on croit à la joie de Carrie quand le beau gosse de la promo l'invite au bal. On voit en même temps cette jeune fille qui embrasse son droit au bonheur, contre la dictature matriarcale qu'elle subit, et sa chute annoncée, par la cruauté sans fard d'un petit groupe détestablement réussi, Nancy Allen (Blow Out, RoboCop) et John Travolta en tête. La machination saute tellement aux yeux qu'on a peine à croire avec quelle facilité elle survient. C'est tout l'art du montage, de l'apport de la musique, et des magnifique plans de De Palma qui nous plongent dedans. À noter qu'un de ces plans-signature, le travelling circulaire, trouvera une de ses plus belles expressions dans ce film (mentionnons également le même dans Obsession, ou bien encore le final de Blow Out, à pleurer).

La préparation du bal occupe toute la deuxième moitié du film, et pourtant la portion réellement horrifique n'occupe qu'une poignée de minutes. Mais quelle poignée ! La caméra, auparavant stable ou opérant de lents travellings, se fait fureur, et le split-screen découpe l'écran à l'image de Carrie qui trucide à tout va, dans un final ramassé mais apocalyptique. Ne nous trompons pas : ce qui fait le plus peur, c'est bien le personnage de la mère, enfermée dans son fanatisme, superbement jouée par Piper Laurie. Cette femme bigote, terrifiante,  a tous les atours d'une sorcière du Moyen Âge.

Carrie est ainsi une sorte de perfection du teen movie d'horreur, et marque un succès sans précédent pour Brian De Palma, comme pour Stephen King.


Disponibilité vidéo : Blu-ray FR zone B - éditeur : MGM (épuisé) ; Blu-ray UK zone B - éditeur : Arrow Films (sous-titres anglais uniquement) ; 4K UDH - éditeur : Shout! Factory (sous-titres anglais uniquement).

 

Image titre du film Carrie au bal du diable (Carrie, Brian De Palma, 1976)

 

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